A l’origine était Dieu.
Verbe : transcription du latin verbum qui traduit le grec logos et qui signifie ‘’mot’’, ‘’dire’’, ‘’pensée’’. Tout ça pour prouver qu’on est vachement lettrés.

Il était une fois, il y a plus de seize milliards d’années…
Imaginez le Néant. Non pas le vide, car il contient déjà plus de matière que vous ne pouvez le concevoir, mais le néant, le rien, l’absence totale de quelque chose, un peu comme le cerveau de Kennedy , après qu’il ait joué à la balle magique.

Imaginez l’Univers, ou plutôt ne l’imaginez pas, imaginez l’absence d’univers. Et maintenant dans ce rien soyez le témoin privilégié de l’apparition de quelque chose. On évoque souvent le big bang comme explosion originelle de l’univers, mais il n’en est rien. Il y a bien eut un Big Bang, mais ce n’est pas dans le sens physique que nous devons l’entendre. Dans ce non-espace, ce néant total, jaillit soudain une idée, une pensée qui s’éveilla dans une explosion de silence. Un concept si puissant qu’il enfla démesurément et qu’il s’étendit d’un bout à l’autre de sa propre création. Et qui, maintenant encore, à l’heure où je vous parle est encore en extension, bien au-delà des quatre dimensions spatiales, bien au-delà des mondes physiques, loin dans les Marches Intermédiaires. Et de même que le corps humain est constitué de cellules qui, accrochées les unes aux autres, constituent des organes et par leur empilage forment un corps plus ou moins réussi suivant les cas, le corps de Dieu est constitué d’étoiles, de systèmes planétaires, de galaxies, d’amas stellaires et de nébuleuses. Et si Dieu a réellement crée l’homme à son image, on peut en déduire la forme générale de l’univers, vaguement humanoïde. Par analogie, on peut également affirmer que les trous noirs sont les points noirs de Dieu et que son foie se trouve à peu près là où se trouve la galaxie d’Andromède. Quant au vide stellaire, il reflète à peu près le grand vide qui se trouve dans les molécules entre les composants minimums, protons, neutrons et électrons, sans oublier les ineffables gluons.

Cette idée de base, qui n’était même pas consciente de sa naissance, ressenti un jour, après une bonne douzaine de milliards d’années, le besoin d’exister. Pour cela, après avoir crée des étoiles majestueuses, des soleils qui tels des balises troueraient l’obscurité, des pulsars qui tels des phares guideraient les navires sidéraux du futur, des planètes sur lesquelles s’épanouissait déjà la vie, elle décida de créer des êtres puissants et de leur donner à chacun un Nom et une forme. Mais, afin de les accueillir comme il se doit, elle désira avoir elle-même un nom et un aspect. Elle créa alors un être, qui ne serait pas la plus puissante de ses créatures mais qui serait toujours le plus sage. Et cet Ange, ce premier-né, donna forme et nom au concept. Il ne lui donna pas qu’un nom unique, lui en donna 100. Et le centième était le Vrai. Des 100 noms, pour simplifier, nous n’en retiendrons qu’un : Dieu.

Et Dieu nomma l’Ange Mikael, ce qui signifie ‘’Qui est comme Dieu’’. Mais il ne lui donna pas qu’un nom unique Et c’est ainsi que Mikael, Archange des Sources, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, inventa Dieu après que Dieu l’eut crée.

EN RESUME -
• Dieu est omniscient car il est tout ce qui nous entoure. Rien ne lui échappe car le moindre atome, la moindre molécule fait partie de Lui : ’’Il ne réside pas seulement sur les hauts lieux et dans Son Temple, mais il est partout présent’’.
• Dieu n’est pas le grand architecte de l’univers, il est l’univers.
• Dieu est omnipotent car sa pensée ne fait qu’un avec le tout.
• Dieu n’a pas de vision du Temps qui défile du passé vers l’avenir. Il englobe tout, sa seule existence créer le temps, le passé, le présent et l’avenir : ‘’Dans le cycle des temps, tout commence et tout finit, lui seul est éternel dans son immuable perfection.’’

© texte intégralement tiré d'INS/MV ed3 ASMODEE, par Croc.

Et arrive enfin au fil des ans ce que tout le monde attendait : L’homme. Ou du moins son très lointain ancêtre. A l’époque les humains ne ressemblaient pas à grand-chose, ne pensaient pas à grand-chose, mais le potentiel était tel que tout le monde au Paradis avait les yeux fixés sur la petite planète bleue. Samael le premier. Il adorait voir les hommes se battre, faire des choix, survivre. Mikael était plus réservé, comme s’il savait le bordel que cela allait causer. Et il le savait sûrement.

Tous les Anges de Puissance étaient admiratifs, à l’exception de Sehyël qui n’avait rien à foutre d’une bestiole trop faible qui marchait sur deux pattes. Alors que des animaux bien plus puissants et plus intelligents que l’homme peuplaient déjà la Terre, il ne voyait pas l’intérêt de cette bestiole-là.

Et au fur et à mesure, l’homme évolue sous les yeux du Paradis. Ses traits et son intelligence s’affinèrent. Les tribus qui se faisaient la guerre au fond de leurs cavernes commençaient à se réunir, pour être plus fortes, pour aller plus loin. Les humains domestiquèrent les animaux, pour profiter de leur lait, de leur viande et de leur chaleur, au grand dam de Sehyël qui commençait à criser et qui promettait un pogrom pour ‘’dans pas longtemps’’, suivant ses propres termes. Samael n’arrêtait pas de parler de ‘’son’’ plan, de ses espoirs, de ce qu’il allait faire. Ce fut alors le moment de réveiller Dieu pour la seconde fois.

Dieu, comme à son habitude, ouvrit un œil, puis deux et ne comprit pas tout de suite la raison de toute cette excitation. Les Anges de Puissance couraient dans tous les sens et pour la première fois depuis la création de la Cité Eternelle, il semblait qu’il y avait deux camps distincts au Paradis : celui de Samael qui prônait l’intervention immédiate, sans attendre le feu vert de Dieu, après tout il leur avait laissé les clefs de la maison, et celui de Sashkah qui était partisan d’attendre l’accord de Dieu avant de tenter quoi que ce soit. Certains Anges semblaient neutres dans les conflits : Mikael, Kronos, Gabriel… toujours les mêmes.

Les humains étaient enfin prêts. Ils commençaient à s’étriper, à se violer, à se battre, à se civiliser en somme. Samael commençait à voir cela avec un œil différent. Il aurait pu faire tant de choses avec les humains et Dieu allait les laisser s’auto-exterminer ! Il allait laisser tuer ce qui était sans doute sa plus belle création, l’homme, bien plus belle que les Anges qui n’avaient pas le dixième de liberté individuelle dont bénéficiait les humains. Et les femmes étaient belles. Tellement belles.

UNE BÊTE HISTOIRE DE CUL.
Samael convoqua le conseil Divin en session extraordinaire. Il voulait exposer un plan pour les humains.

Et le plan de Samael fut la cause de sa chute, ou plutôt de La Chute. Et pourtant son idée était bonne : les hommes étaient libres mais faibles, les Anges étaient puissants mais n’étaient pas à leur place sur Terre. Vint alors le moment où Samael annonça son plan à tout le conseil réuni. Dieu était assis dans son fauteuil de direction, et les Anges de Puissance étaient à ses pieds.

Samael voulait que les Anges se reproduisent avec les humaines pour produire une race forte, puissante, magique qui vivrait à la gloire de Dieu.

Cette motion souleva un tollé général, tout le monde prenant parti pour ou contre. Certains criaient au génie, d’autres à la folie. Et parmi tous ceux qui soutenaient Samael, nombreux sont ceux qui ne le suivirent pas jusqu’au bout dans sa Chute. Seul Mikael restait en dehors de la polémique, baissant les yeux. Il savait où tout cela allait les mener, liant les hommes et les Anges à jamais.

La réponse négative de Dieu surprit tout le monde par sa dureté. Samael était après tout son protégé, le plus beau et le plus puissant des Anges de Puissance. Que Dieu rejette son idée aussi brutalement était un soufflet pour l’Ange le plus fier du Paradis. Il se renfrogna, s’assit au fond de son fauteuil et ne dit plus rien de tout le reste du conseil.

C’est Mikael qui alla lui parler en premier. Après tout, c’est lui qui connaissait le mieux Dieu et qui pouvait le mieux expliquer sa réaction. Samael ne voulait rien entendre. Il s’énerva et Mikael le prévint de ne rien faire sans l’autorisation de Dieu. Et en lui disant cela, il lui donnait en même temps la solution.

Samael réunit ses fidèles, en choisi l’élite. Ils étaient au nombre de 200. Ils jurèrent et se lièrent à jamais, et descendirent sur Terre. Là, chacun choisit une femme et tous enseignèrent à leur compagne les propriétés des arbres, des racines, les enchantements et la magie. Et ils ne se contentèrent pas de ces divertissements intellectuels car les femmes conçurent et enfantèrent. Ce sont les Nephilims.

CEUX QUI TOMBENT.
Nephil est un mot qui désigne un géant, mais il pourrait dériver de Nephiliah qui signifierait ‘’la chute’’. Les Nephilims étaient immortels et remarquables par leur stature, de 300 à 3000 coudées, ce qui correspond grosso-modo à de ‘’130 à 1300 mètres’’. Mais Samael avait eu les yeux plus gros que le ventre. Ses enfants dévoraient tout ce que le travail des hommes pouvait produire et il devint impossible de les nourrir. Les séjours des Anges sur Terre eurent d’autres conséquences désastreuses : ils enseignèrent l’art de la guerre aux hommes et la coquetterie aux femmes. Tout le monde fut corrompu. L’anarchie, la guerre et les massacres firent couler des flots de sang et les voix des victimes montèrent jusqu’à Dieu qui jusque là ne voulait pas intervenir directement.

Dieu convoqua alors lui-même le conseil. C’est la première fois qu’il le faisait et Samael se vit bien obligé de se rendre à la convocation. Pour Dieu, il n’était pas trop tard pour changer le merdier. Il ne manquait qu’une chose : que Samael lui demande pardon et reconnaisse ses erreurs. Là, il effacerait tout et la vie reprendrait son cours normal sur Terre. Mais Samael était fier. Il était reconnu par tous comme le plus brillant des Anges et il n’allait pas s’abaisser à confesser ses fautes comme un enfant. Dieu lui demanda plusieurs fois. Et à chaque fois le ton montait. La dernière fois, Mikael qui était resté silencieux tout le temps sentit Dieu prêt à céder. Il le sentait prêt à accepter cette révolte, à accepter que son plan puisse se dérouler, il n’avait après tout qu’à Terraformer un minimum pour que les cultures puissent nourrir toutes les populations du monde, qu’elles soient purement humaines ou divines. Mais il se raffermit. Il demanda une dernière fois à Samael de céder et devant son refus, la rupture était consommée. Mais comment punir des Anges ? Comment punir des êtres immortels qui habitaient au Paradis, au plus haut des cieux ? Dieu ne savait pas. Il pourrait les exiler, ou les effacer. Il n’eut pas à trouver une solution.

LA CHUTE DE LUCIFER.
Les Anges se séparèrent en deux camps égaux. Très peu d’Anges restèrent neutres, une minorité. Bien sûr les Anges mineurs gardèrent un profil bas, mais ils n’étaient pas importants au plan de Dieu, quel qu’il soit.

Et les Anges s’affrontèrent.

« Des deux côtés, chaque Légion semble une nombreuse armée, chaque guerrier valait une légion et chaque soldat, digne d’être commandant, savait ce qu’il devait faire. Que d’immortels exploits. Que de prodiges de force et de valeur sur cette vaste arène qui change à chaque instant de forme et de lieu ! Tantôt ils se mesurèrent sur le terrain solide, tantôt, déployant leurs vastes ailes, ils s’élèvent dans les airs. Et les airs tourmentés sont déchirés par d’horribles tourbillons de feu. »

« La victoire était depuis longtemps flottante entre les deux camps, lorsque Samael jusqu’à ce moment par un invincible courage, perçant au travers de l’épaisse mêlée des combattants, aperçut Mikael, qui de chaque coup de son épée de flammes, renversait des escadrons entiers. Cette arme terrible s’élève et s’abaisse, faisant un vaste carnage. Le rebelle accourt, brûlant d’arrêter l’affreuse destruction. Il présente son bouclier, formé de dix plaques de diamant. A son approche, Mikael suspend le cours de ses exploits. Il espère terminer à l’instant cette guerre intestine en renversant Samael ou en le ramenant à la maison. »

« Et les deux frères se parlent. Et aucun d’eux ne réussit à convaincre l’autre. Tous deux, impatients de terminer leur combat d’un seul coup, lèvent en même temps un bras menaçant et terrible ; tous deux égaux en force ainsi qu’en adresse et en légèreté, n’ont de supérieur que le Tout-Puissant. Mais l’épée de Mikael, tirée de l’arsenal terrestre, est d’une trempe si parfaite, que l’acier le plus dur ne peut résister à son tranchant. Elle rencontre, frappe et sépare en deux l’épée de Samael. Elle lui fait une profonde blessure au flanc. Pour la première fois le rebelle connaît la douleur. »

En fait, il semble que le compte rendu des combats soit un peu vicié, on imagine mal Mikael, c’est-à-dire Mikael, prendre une épée et aller fritter dans le tas. Par contre, tout porte à croire que c’est Gabriel, envoyé par Mikael en dernier recours pour raisonner son frère, qui porta le coup fatal.

Mais le combat n’était pas terminé pour autant. Les rebelles se regroupent, soustrayant leur chef aux Anges au service de Dieu.

Il aurait pu durer longtemps, tant qu’il y avait au moins deux combattants prêts à en découdre. Mais Dieu ne l’entendait pas ainsi. Il avait eu la preuve avec la percée de Mikael-Gabriel que ses légions prévaudraient au final. Et il exila Lucifer et ses légions, en les projetant à travers l’infinité des Marches Intermédiaires, mettant fin au combat en un instant.

L’ENFER DU DECOR.
Personne n’était allé aussi loin dans les Marches. Et Lucifer les descendit toutes et s’écrasa sur la plus basse. Où il n’y avait rien, où il faisait sombre et froid. L’Ange de Lumière en fit donc, et en sept ans, (symbolique non ?), il créa l’Enfer et la Cité de Dis tels que nous les connaissons maintenant. La Chute l’avait brisé, lui et tous ses Démons. Plus jamais ils n’auraient de majestueuses ailes blanches qui les porteraient dans les cieux. Plus jamais ils ne seraient fins et élancés. Les Démons les moins touchés conservèrent leurs ailes d’origine mais elles n’étaient plus blanches. Elles étaient noires comme la nuit. Les autres développèrent des ailes membraneuses, sombres et terrifiantes.

Mais c’est aussi à ce moment que Lucifer s’aperçut qu’il n’avait jamais été aussi puissant. Certes, au Paradis il était sans conteste le plus grand des Anges, mais là, sa puissance n’avait pas d’égale, mise à part celle de Dieu peut-être. Et il sut que Dieu, malgré son exil, lui avait fait cadeau de cette puissance. Il était maintenant pratiquement son égal. Mais il savait aussi que si Dieu la lui avait donnée, il pouvait la lui retirer.

Vous savez tout à présent sur la création du Monde, la Création du Paradis et de l’Enfer et vous savez enfin les vraies raisons de la Chute de Lucifer que le clergé a caché depuis tant de temps. Ca vous illumine, hein ?

© texte intégralement tiré d'INS/MV ed3 ASMODEE, par Croc.